Année 1984 en Océanie. 1984 ? C'est en tout cas ce qu'il semble à Winston, qui ne saurait toutefois en jurer. Le passé a été oblitéré et réinventé, et les événements les plus récents sont susceptibles d'être modifiés. Winston est lui-même chargé de récrire les archives qui contredisent le présent et les promesses de Big Brother. Grâce à une technologie de pointe, ce dernier sait tout, voit tout. Il n'est pas une âme dont il ne puisse connaître les pensées. On ne peut se fier à personne et les enfants sont encore les meilleurs espions qui soient. Liberté est Servitude. Ignorance est Puissance. Telles sont les devises du régime de Big Brother. La plupart des Océaniens n'y voient guère à redire, surtout les plus jeunes qui n'ont pas connu l'époque de leurs grands-parents et le sens initial du mot "libre". Winston refuse cependant de perdre espoir. Il entame une liaison secrète et hautement dangereuse avec l'insoumise Julia et tous deux vont tenter d'intégrer la Fraternité, une organisation ayant pour but de renverser Big Brother. Mais celui-ci veille...
Le célèbre et glaçant roman de George Orwell se redécouvre dans une nouvelle traduction, plus directe et plus dépouillée, qui tente de restituer la terreur dans toute son immédiateté mais aussi les tonalités nostalgiques et les échappées lyriques d'une oeuvre brutale et subtile, équivoque et génialement manipulatrice.
Dans ce bref ouvrage, Elena Ferrante se confie sur sa vision de l'écriture et du roman à travers trois « conférences » - qui n'en sont peut-être pas vraiment - et un essai. L'autrice de la saga de L'amie prodigieuse revisite l'écrivaine en devenir qu'elle était sur les bancs de l'école jusqu'à la parution des best-sellers qui ont fait sa renommée actuelle. En se souvenant de ses cahiers d'écolière, elle relève une tension qui marque encore aujourd'hui sa plume : elle s'appliquait à respecter les marges tout en désirant les dépasser. Elena Ferrante apparaît dans Entre les marges comme une romancière qui interroge sa pratique en profondeur. Elle n'hésite pas à s'appuyer sur les citations d'écrivains qui ont compté pour enrichir ses réflexions et évoque, notamment, Goliarda Sapienza comme un véritable séisme dans sa vie de lectrice et d'écrivaine. Cette découverte lui a permis de s'émanciper d'une forme d'écriture « masculine ». À travers ces interrogations, Elena Ferrante s'aventure sur des territoires plus vastes, ne questionnant pas seulement sa propre oeuvre mais nourrissant une réflexion sur l'art et l'écriture créative en général. Ces courts textes, que l'on peut voir comme une continuation de Frantumaglia (2019), éclairent avec finesse et profondeur le chemin d'écriture d'une des autrices les plus énigmatiques de notre époque.
"Je suis convaincue de l'urgence morale qu'il y a à nous atteler à imaginer ensemble une éducation différente pour nos enfants, pour tenter de créer un monde plus juste à l'égard des femmes et des hommes."
À une amie qui lui demande quelques conseils pour élever selon les règles de l'art du féminisme la petite fille qu'elle vient de mettre au monde, Chimamanda Ngozi Adichie répond sous la forme d'une missive enjouée, non dénuée d'ironie, qui prend vite la tournure d'un manifeste. L'écrivain nigériane examine les situations concrètes qui se présentent aux parents d'une petite fille et explique comment déjouer les pièges que nous tend le sexisme, à travers des exemples tirés de sa propre expérience. Cette lettre manifeste s'adresse à tous : aux hommes comme aux femmes, aux parents en devenir, à l'enfant qui subsiste en nous et qui s'interroge sur l'éducation qu'il a reçue. Chacun y trouvera les clés d'une ligne de conduite féministe, qui consiste à croire en la pleine égalité des sexes et à l'encourager.
Grand Prix de l'Héroïne Madame Figaro 2017
Comment dire adieu à un être cher alors que le monde entier est frappé par une crise sanitaire, que le défunt repose au Nigeria et que ses enfants sont bloqués en Angleterre et aux États-Unis ? Le père de Chimamanda Ngozi Adichie vient de mourir. Séparée de ses proches, cette dernière vit un deuil empêché et solitaire. Elle écrit alors sous la forme de courts chapitres, composés comme des soubresauts de chagrin et de rage, où l'amour et l'admiration qu'elle portait à son père explosent à chaque page.
James Nwoye Adichie a traversé plusieurs époques de l'histoire du Nigeria. S'il a transmis la culture et la langue igbos à ses enfants, essentielles à l'oeuvre de l'autrice, il s'est aussi élevé contre certaines traditions de son pays. En partageant des anecdotes familiales simples et touchantes, Chimamanda Ngozi Adichie rend hommage au professeur émérite de l'université du Nigeria, mais surtout au père humble et affectueux qu'il était, son "dadounet originel".
La perte se voit ainsi transcendée par l'amour et la transmission.
"Et maintenant, il est trop tard, répond Ari, pétri de remords. Anna esquisse un sourire, elle lui caresse à nouveau la main et lui dit, quelle sottise, il n'est jamais trop tard tant qu'on est en vie. Aussi longtemps que quelqu'un est vivant."
À la mesure de l'univers est la suite du roman D'ailleurs, les poissons n'ont pas de pieds. Ari rentre en Islande après avoir reçu une lettre de son père lui annonçant son décès imminent. Le jour se lève sur Keflavík, l'endroit le plus noir de l'île, à l'extrémité d'une lande à la végétation éparse et battue par les vents. Ici, la neige recouvre tout mais, partout, les souvenirs affleurent. Ari retrouve des connaissances qu'il n'a pas vues depuis des années. Ses conversations et ses rencontres le conduisent à s'interroger et finalement à accepter son passé : les deuils, les lâchetés, les trahisons, afin de retrouver celui qu'il était, et qui s'était perdu "au milieu du chemin de la vie".
Comme dans la première partie de son diptyque, Jón Kalman Stefánsson entremêle les époques, les histoires individuelles et les lieux : le Norðfjrður, dans les fjords de l'Est, où évoluent Margrét et Oddur, les amants magnifiques, et Keflavík, ce village de pêcheurs interdits d'océan, très marqué par la présence de la base militaire américaine. Dans une langue à la fois simple et lyrique, nourrie de poésie et de chansons de variétés, agissant comme autant de madeleines de Proust, l'auteur nous parle de mort, d'amour, de lâcheté et de courage. Mais ce récit délivre aussi un message d'espoir : même si le temps affadit les plus beaux moments, ces derniers restent vivants au coeur de l'homme, car le langage a le pouvoir de les rendre éternels. L'amour est le ciment et la douleur du monde.
"Si l'on veut comprendre quand l'embrasement a commencé, il faut se souvenir que la cigarette responsable des flammes a été jetée, il y a plusieurs années, dans un trou. C'est d'ici que le grand incendie du début du XXIe siècle est parti. Du sexe des femmes. C'est de cette tranchée même que nos contes de guerre et de vengeance se racontent désormais. Encore faudrait-il les écouter."
Dans ce livre iconoclaste, l'autrice dit tout haut, avec une audace rare, ce que beaucoup de femmes pensent tout bas et que beaucoup d'hommes se refusent à concevoir. Désir féminin, maternité, viols, prétendue "zone grise" du consentement, dialogue impossible entre les sexes sont au coeur de ce petit traité à l'humour ravageur. Et si le rire était l'arme la plus puissante pour surmonter nos antagonismes stériles ?
« Ce texte entreprend le récit des étapes marquantes de mon Cosmos ambulant. Je n'y parle pas du coeur chaud de la création. Les tableaux témoignent des champs magnétiques de l'esprit et renseignent ceux qui savent regarder. Je vais révéler ici les circonstances, les rencontres, les peurs et les joies qui ont émaillé ces résidences éphémères. Détails et anecdotes en disent plus long que de vaines théories artistiques. » Richard Texier raconte une expérience essentielle de sa vie d'artiste : la pratique des « ateliers nomades » qu'il a installés successivement à New York, à Moscou, à la villa Noailles de Hyères, au phare de Cordouan et à Shangaï. Chaque fois il s'agit de s'imprégner de l'esprit d'un lieu ou d'une ville, de tisser pendant quelques mois des liens avec les personnalités et artistes locaux, de produire des oeuvres qui expriment quelque chose de cette immersion. Les récits de ces cinq ateliers s'enchaînent avec vivacité, et comme toujours on est frappé par l'intensité charnelle et sensuelle de la présence au monde qu'ils expriment. La joie hédoniste, l'émerveillement enfantin de l'artiste se communiquent naturellement au lecteur, qui partage avec plaisir cette expérience de vagabondage artistique en compagnie d'un grand amoureux de la vie.
Delphine Olberg, 25 ans, est une jeune femme rebelle et un peu névrosée, qui a grandi à l'ombre de son père, commandant à Satory, quartier de Versailles occupé par une base militaire. Son plus grand rêve : intégrer le GIGN. Coachée par ce père adoré, qui n'est pas ravi de son projet, soutenue par son mari Vincent qui endosse le rôle d'homme au foyer, Delphine va s'initier aux techniques de combat, roder sa solidité mentale et se transformer en machine de guerre dans l'espoir de rejoindre ce groupe d'élite très viril où si peu de femmes trouvent leur place. D'épreuve en épreuve, elle connaîtra le burn-out, perdra son amoureux et l'estime d'elle-même ; surtout, elle porte un lourd secret qui pourrait, s'il était découvert, mettre un terme brutal à sa carrière militaire... Parviendra-t-elle à ses fins, et à quel prix ? Comment entre-t-on au GIGN ? Comment concilier l'exigence extrême du service avec une vie civile, familiale, amoureuse ? Trahisons, secrets et révélations inattendues nourrissent ce roman d'apprentissage entraînant, qui explore la question du courage et nous plonge au coeur d'une unité spéciale.
Manhattan, été 1944. Autour de Will, serveur dans un bar, et de Mike, marin dans la marchande, gravite toute une constellation d'amis sans le sou, qui errent dans la chaleur de la ville, font le va-et-vient entre les appartements des uns et des autres et se retrouvent lors d'improbables soirées. Parmi eux, Phillip, un gamin de dix-sept ans à la beauté insolente, et Ramsay Allen, dit Al, la quarantaine un peu pathétique, qui est éperdument amoureux de lui. Partout où va Phil, Al, jamais découragé par l'indifférence et les refus du garçon, le suit comme son ombre, Pour lui échapper et par goût de l'aventure, Phil accepte la proposition de son ami Mike : s'embarquer, dès que possible, sur un navire de la marine marchande vers Paris, la ville des poètes et des artistes qui aura sûrement été libérée d'ici là. Mais le départ tant attendu est plusieurs fois reporté...
Le premier roman de William Burroughs et de Jack Kerouac raconte une histoire vraie. En 1944, écrivains alors inconnus, ils furent tous deux arrêtés à la suite d'un meurtre : un de leurs amis en avait poignardé un autre puis était venu leur demander conseil, et aucun d'eux n'avait prévenu la police.
Dans ces personnages encore indéterminés, animés du vague désir d'écrire ou de s'embarquer, dans ce goût des beuveries et de la marginalité, on reconnaît la matrice des oeuvres de deux grands auteurs de la Beat Generation.
Nick Hunt nous avait emmenés à la rencontre des vents d'Europe dans Où vont les vents sauvages. Nous le retrouvons alors qu'il arpente les quatre coins du continent, à la découverte des lieux les plus inattendus, "qui ne devraient pas se trouver là, si proches de nous". Depuis une zone polaire en Écosse, à travers la jungle de Pologne, un désert espagnol et les grandes steppes de Hongrie, nous suivons cette étonnante promenade, sensible, informée et littéraire, dans des paysages dont on a peine à croire qu'ils existent sous nos latitudes.
"En tous lieux, la terre est en pleurs, accablée de guerres, de crimes et d'agonies, d'épidémies aussi, mais rien n'empêche malgré tout les chenilles de devenir papillons et la mer d'être toujours recommencée. Et pour les océans, et pour les gens, c'est pareil exactement."
Sigmund, un vagabond dans la force de l'âge, note ses pensées alors qu'il chemine vers un château lointain qui n'existe peut-être pas. Abandonné par sa mère, débarqué sur les plages de Normandie à l'âge de vingt ans, c'est un pacifiste qui chérit sa liberté et la simplicité au contact de la nature. Gisella, elle, vit seule avec son vieux chien Roméo. Elle s'est échappée il y a longtemps d'un sinistre pénitencier pour jeunes délinquantes et a choisi elle aussi l'indépendance. Quand à un carrefour le sage Sigmund croise la sauvage Gisella, les deux enfants perdus décident de suivre la même étoile.
« Un enfant dyslexique dessine minutieusement des pages de monstres. Leur donner une forme en réduit l'immensité, l'intensité et l'angoisse. La feuille les emprisonne avec ses bords. Plus ils sont nets, mieux ils sont domptés. »
Inspiré par ces diables gardiens de l'enfance, l'artiste et architecte Alessandro Mendini exécute à son tour une série de dessins. Dans un jeu d'improvisation où de l'image surgit la parole, Erri De Luca compose face à ces trente-cinq planches autant de textes qui leur répondent. De la rencontre de ces deux personnalités naît un compagnonnage inventif entre l'artiste et l'écrivain.
"Un accident de santé, soudain, fait danser la mémoire. Le tout éclate, des riens remontent, et c'est la fête. Dans une joyeuse incohérence, qui défie les censures."
"Je ne m'étais jamais mise auparavant dans les conditions d'écrire par obligation", confie Elena Ferrante en ouverture de ce recueil.
La romancière, dont l'identité n'a jamais été révélée, se dévoile à travers ces cinquante et une chroniques, publiées de façon hebdomadaire dans le Guardian, en 2018. Évoquant tour à tour la société, la politique, l'écriture, le cinéma, la ville, Elena Ferrante parle de son rapport au monde, et nous invite à repenser le nôtre. Son introspection touche à l'universel lorsqu'elle réfléchit aux liens familiaux, amicaux, à la maternité, toujours attentive à affirmer la puissance du féminin.
Ce livre inclassable retrace la jeunesse de M., personnage énigmatique dont nous suivons les aventures depuis sa naissance en 1929 dans une petite ville bavaroise jusqu'à son séjour à Paris dans les années 1950. À mi-chemin entre des Mémoires personnels et une fresque de l'Allemagne de la première moitié du XXe siècle, ce récit richement illustré dessine non sans humour un portrait du jeune artiste en formation et de son pays : s'y mêlent et s'y entrechoquent l'environnement familial et les premières amours, la passion pour l'écrit et l'intérêt pour les médias, la montée du nazisme et la violence de la guerre.
Complément rétrospectif de Tumulte, Un bouquet d'anecdotes est un saisissant collage de la mémoire servi par une plume vive et un regard amusé, qui jette une nouvelle lumière sur l'une des plus grandes plumes allemandes contemporaines.
Dans ce dialogue amical avec son éditrice Shira Hadad, Amos Oz se raconte. Celle-ci l'interroge sur son processus créatif, sur l'écriture, tout en l'amenant à évoquer sa vie, son passé. Comme assis à leur côté, nous découvrons certaines pensées intimes d'Amos Oz, le regard qu'il porte sur ses oeuvres, les thèmes qui l'ont occupé. Se dessine alors, à travers cet échange sincère, un autoportrait riche et tout en nuances d'un des plus grands écrivains de la litté rature israélienne.
"Ce livre montre Amos Oz tel que ses amis le connaissaient : ouvert, extraordinairement ironique et amusant."
David Grossman
Nous voilà dégrisés. Non, Rosario n'est pas mort et ressuscité comme le laissait entendre la fin de Joyeux animaux de la misère II : l'étranglement n'est pas allé à son terme et la vie continue.
Rosario est-il tenté d'abandonner sa défroque de putain ? Toujours est-il qu'il semble bien décidé à fuguer, moto enfourchée entre le fils devant et le père derrière, vers ce monde des humains qui l'attire.
Et ce que Pierre Guyotat nous a laissé du troisième volume, inachevé, de Joyeux animaux de la misère (cinq fragments posthumes) se continue avec ce qu'on voit « depuis une fenêtre » des environs du bordel et que décrit un putain à son maître, tandis qu'il se laisse aller au souvenir de son affranchissement.
Ce bordel est un théâtre qui ne fait jamais relâche.
Premier inédit de l'auteur à paraître depuis sa mort le 7 février 2020, Depuis une fenêtre offre l'occasion de redécouvrir l'ampleur des mondes fictionnels et l'intensité poétique de Pierre Guyotat.
Dans ces essais écrits durant les années 1940 et 1950 alors qu'il n'avait qu'une vingtaine d'années, James Baldwin s'interroge sur ce que signifie être noir aux États-Unis. Ses réflexions sur la vie à Harlem, la politique, la religion, la presse, la littérature ou le cinéma, écrites dans une prose riche, dense et percutante, sont d'une profonde et vibrante actualité.
La force de ce recueil réside dans la virtuosité avec laquelle Baldwin entremêle sa critique d'une société injuste et clivante, et le récit très personnel de son expérience et de ses souvenirs. L'évocation de la mort de son père, figure insondable d'un pasteur guetté par la démence, l'entraîne à commenter les émeutes de 1943 à Harlem ; le témoignage de son emprisonnement injustifié dans la prison de Fresnes le conduit à poser un regard lucide sur le rapport de la France à la colonisation ; la chronique d'un voyage à Atlanta lui donne l'occasion de dénoncer le racisme systémique et le paternalisme des politiques qui infantilisent la communauté noire. Avec une justesse incomparable et une franchise désarmante, il détaille ainsi les comportements, explore les méandres des relations entre les Noirs et les Blancs et donne à voir une société aux prises avec ses contradictions.
Cette nouvelle traduction rend admirablement justice à l'intensité, la finesse et la perspicacité de l'oeuvre de Baldwin, et permet de redécouvrir la voix unique d'une des figures les plus brillantes du XXe siècle.
Un jour, Jim Sams, cafard au destin extraordinaire, se réveille dans le corps du Premier ministre britannique. Il sait qu'il a une mission à accomplir. Rien ni personne ne l'arrêtera dans sa volonté de porter la «voix du peuple».
Dans un habile jeu de miroirs, ce court texte rappelle évidemment La métamorphose de Kafka et le regard désabusé et satirique d'un Jonathan Swift. Il nous donne à voir un monde de faux-semblants et les rouages impitoyables du pouvoir. Avec intelligence et humour, Ian McEwan propose un commentaire piquant et absurde de la société britannique actuelle.
"L'oeuvre de Cabral est l'une des plus influentes dans la poésie moderne brésilienne. Il a profondément marqué, par son originalité, par la rigueur poétique et éthique de ses vers, les poètes brésiliens de la seconde moitié du XXe siècle. Écrivain populaire (ses vers ont été mis en musique par Chico Buarque, et Caetano Veloso se réclame volontiers de lui), il est aussi reconnu comme un immense poète par ses pairs et la critique. Nous espérons, avec ce recueil, faire découvrir aux lecteurs de langue française une oeuvre d'une grande originalité, qui émeut profondément par le regard nouveau qu'elle porte sur le monde."
Mathieu Dosse
Une femme, Miriàm. Un homme, Iosèf. Un jeune couple d'amoureux. Ils se sont rencontrés en Galilée, au nord d'Israël, et vont se marier à Nazareth. Quand Miriàm annonce à son fiancé qu'elle attend un enfant dont il n'est pas le père, Iosèf ne la dénonce pas aux autorités, comme la loi le prescrit. Il croit en sa parole. Il croit qu'elle est enceinte d'une annonce, il croit à une vérité invraisemblable. 'C'est l'hiver en Galilée, mais entre eux deux, c'est le solstice d'été, le jour de la lumière la plus longue'.
Avec Une tête de nuage, Erri De Luca poursuit sa relecture de la Nativité, abordée précédemment dans Au nom de la mère. Structuré en trois actes, le texte assume une forme dramatique parcourue par des dialogues intenses, non dépourvus d'ironie. Derrière la figure du Messie, Erri De Luca brosse le portrait intime de Marie et Joseph, ici présentés dans leur simple humanité : deux jeunes parents qui s'apprêtent à élever leur enfant, Jésus, dans mille difficultés. Un homme et une femme, liés par un sentiment qui dépasse les faits et s'inscrit dans les mots. 'En amour, croire n'est pas céder, mais renforcer, ajouter quelques poignées de confiance ardente'.
"Je propose une vie à vendre. À utiliser à votre guise. Homme, 27 ans. Confidentialité garantie. Aucune complication à craindre."
Lorsque Hanio Yamada rate son suicide, il décide de mettre sa vie en vente au plus offrant dans un journal local de Tôkyô. Le premier acheteur ne se fait pas attendre et entraîne ce héros involontaire dans une course folle au coeur d'un monde de gangsters sanguinaires, d'espions et de contre-espions, de potions hallucinatoires, de femme-vampire, de carottes empoisonnées, de junkie désespérée et d'explosif artisanal. Alors que les cadavres se multiplient autour de Hanio, celui-ci demeure miraculeusement vivant et se demande comment enrayer cette machine infernale. La vie aurait-elle finalement une valeur à ses yeux, et serait-il enfin prêt à en payer le prix ?
Dans cette parodie jubilatoire de roman policier, Yukio Mishima subvertit également les codes de l'espionnage et dévoile une facette méconnue de sa personnalité d'écrivain. "Roman d'aventures psychédélique" et méditation cynique et saisissante sur la mort et la morale, Vie à vendre révèle la maîtrise exceptionnelle d'une écriture capable de faire accepter toutes les invraisemblances.
Un coup de maître littéraire resté jusqu'à ce jour inédit en France.
' Tout le monde veut être Cary Grant. Même moi, je veux être Cary Grant. '
Des comédies romantiques de l'âge d'or du cinéma américain aux chefs-d'oeuvre d'Alfred Hitchcock, Cary Grant (1904-1986) demeure l'une des stars d'Hollywood les plus célèbres au monde.
Gentleman flegmatique, séducteur caustique, il a réussi grâce à un physique exceptionnel à incarner ' l'homme idéal ', fantasme de millions de spectatrices et spectateurs. Derrière cette belle image de cinéma se cache pourtant un être tourmenté, dont toute l'existence est fondée sur le leurre.
Originaire de Bristol, abandonné jeune par son père qui lui a fait croire que sa mère était morte, Archibald Leach décide de s'inventer un destin en Amérique, grâce au cinéma, plaçant sa vie sous le signe du double et de la duplicité : il change de nom, se lie sentimentalement avec des hommes et des femmes, se marie cinq fois de suite, connaît des moments de profonde dépression et fait l'expérience du LSD à des fins thérapeutiques.
Martine Reid retrace l'histoire d'un individu dont l'identité s'est patiemment forgée grâce au cinéma, en parallèle du rêve américain. Derrière le divertissement, la consommation de masse et les images d'une virilité conquérante, elle dévoile les fragilités d'un homme inquiet.
Au coeur de la vallée de Jezréel, dans le nord d'Israël, Meir Shalev cultive son jardin bien-aimé. De sa plume, il donne vie à cette parcelle de terre, évoque les couleurs, les parfums et les sons qui la peuplent, au rythme des saisons qui défilent. Il décrit les paysages, mais converse aussi avec les vrais propriétaires du lieu : oiseaux, hérissons et autres amis. Dans cette collection d'impressions sur son jardin sauvage, l'amour de ce jardinier passionné pour son terrain dont il connaît tous les recoins transparaît à chaque ligne.
Tout en distillant avec humour anecdotes et conseils, Meir Shalev invite à une méditation sur ce que la nature peut nous apprendre de nous-mêmes.